Gauche : Maurice Barrès (1862-1923), écrivain et homme politique français
Centre : La Broyeuse de cœurs, 1913, de Camille de Morlhon (extrait)
Droite : Marcel Prévost (1862-1941), romancier et auteur dramatique français
Gauche : Maurice Barrès (1862-1923), écrivain et homme politique français
Centre : La Broyeuse de cœurs, 1913, de Camille de Morlhon (extrait)
Droite : Marcel Prévost (1862-1941), romancier et auteur dramatique français
Thomas Edison,
Phonographe, 1877
C’est à l’occasion de l’Exposition universelle de 1878 que le public découvre le phonographe d’Edison. L’opérateur parle d’une voix forte devant une embouchure contenant une membrane du type utilisé dans le téléphone de Bell, en faisant tourner régulièrement un cylindre à l’aide d’une manivelle. Les vibrations de la lame, provoquées par le son, animent une pointe d’acier qui grave des sillons dans la feuille d’étain entourant le cylindre. La voix, enregistrée, est amplifiée et restituée au moyen d’un porte-voix placé sur l’embouchure.
Ce sera essentiellement le domaine musical qui donnera à cette invention tout son intérêt. Avant la Première Guerre Mondiale, les « rouleaux », en permettant la diffusion des chansons et de courts morceaux musicaux, remportent un énorme succès.
« Gavotte» musique de Samuel Rousseau
Extrait des « Danses de jadis et de naguère » dansée par Mlle Cléo de Mérode, 1900, projeté durant l'Exposition Universelle de Paris en 1900
Le Symphonion, boîte à musique à disque, était exploité pour diffuser des mélodies. C’est en quelque sorte l’ancêtre du juke-box, puisque les disques sont interchangeables manuellement (sur certains modèles, automatiquement).
Segundo de Chomôn
En avant la musique (extrait), 1907
Pathé Frères
Ce film parodie "Le mélomane" de Méliès.
Un chef d'orchestre fait apparaitre par magie huit musiciens sous forme de personnages miniatures perchés sur sa baguette. Ils saluent, disparaissent et réapparaissent sur scène. La fanfare défile, puis les musiciens apparaissent, minuscules, au cœur des notes de la partition. Pendant un court instant, on voit apparaitre le visage réjoui de chacun des musiciens.
De retour sur scène, la fanfare est divisée en deux par la cheffe d'orchestre et les quatre personnages masculins sont alignés devant un mur surplombé d'une portée géante. La cheffe se saisit de la tête de chacun d'eux, la détache et l'envoie s'accrocher sur la portée.
Henry Caro-Delvaille (1876-1928)
Portrait de Madame Simone, 1908
Huile sur toile
Dépôt du musée d’art moderne et contemporain de la Ville de Strasbourg
Henry Caro-Delvaille (1876-1928), peintre mondain de portraits et de scènes de genre, connut un grand succès public et critique dans la France de 1900 à 1914, et eut un retentissement international en s’installant à New York pendant la guerre.
Il est un de ces portraitistes qui incarnent la transition esthétique caractéristique de l’entre-deux-siècles. Il immortalise dans ses tableaux, à leur demande, ses clients de la bourgeoisie de la Belle Époque.
Le portrait de « Madame Simone » est celui d’une comédienne et écrivaine. Pauline Benda (1877-1985), alias Madame Simone, est l’actrice qui succède à Sarah Bernhardt dans la pièce « L’Aiglon » d’Edmond Rostand. Égérie d’Henry Bernstein, elle est l’amie du Tout-Paris culturel dont Maurice Barrès (1862-1923), Anna de Noailles (1876-1933). De Marcel Proust qu’elle aime beaucoup, elle avoue qu’elle « ne pensait pas qu’il avait du génie ».
Ernest-Ange Duez (1843-1896)
Femme sur la plage, vers 1900
Huile sur toile
Galerie Ary Jan, Paris
Dès 1877, le peintre Ernest Ange Duez s’installe à Villerville, petit village de pêcheurs situé entre Trouville et Honfleur. Il y travaille avec ses condisciples des Beaux-Arts, (Jourdain, d’Antan...), et s’est construit un atelier vitré pour peindre ses modèles à la lumière du jour. Dorénavant, ses sujets reflètent son attachement à cette région et il choisit souvent sa femme et sa famille comme modèles avec les environs normands comme le bord de mer en toile de fond.
Denis Etcheverry (1867-1952)
Coup de vent à Trouville, sans date
Huile sur toile
Musée d’Orsay, Paris
En Normandie, sur les traces d’Eugène Boudin, les peintres observent et croquent la société mondaine sur les plages touristiques de Trouville et Deauville.
Denis Etcheverry capture ici ce nouvel art de vivre que représentent les vacances à la mer, les plages deviennent le théâtre de la liberté des corps et des loisirs. Cette scène de plage restitue le temps d’une image fixe le mouvement de l’air, renversant les parasols et bouleversant la tranquillité des villégiateurs. Ce vent est également subi par les artistes qui au cours du XIXe siècle quittent l’atelier pour travailler en plein air, sur le motif.
Pierre Bonnard,
La Seine à Vernon, 1915
Huile sur toile,
Musée des Impressionnismes Giverny
Pierre Bonnard, tout comme Edouard Vuillard, appartient au groupe des Nabis, artistes influencés tant par l’héritage impressionniste et que par les arts extra-européens et dont la peinture se caractérise par des couleurs vives apposées en aplat, un cerne important autour des figures et des cadrages non académiques.
En 1911, Pierre Bonnard acquiert une maison à Vernon, où il va séjourner jusqu’en 1936. Ce sera l’occasion pour lui de multiplier les vues de la Seine. "La Seine à Vernon" illustre le goût de Pierre Bonnard pour une composition foisonnante de couleurs, où la nature exubérante du jardin est mise en valeur. Le large point de vue, qui laisse deviner les courbes du fleuve en arrière-plan, permet à Pierre Bonnard de déployer son talent de coloriste : les couleurs oranges et vertes dialoguent avec le rose du ciel, donnant un aspect apaisant à cette vue crépusculaire. Pendant ses années vernonnaises, Pierre Bonnard fréquente assidûment Claude Monet (1840-1926) qui l’inspire considérablement.
Édouard Vuillard (1868 – 1940)
Annette sur la plage de Villerville, 1910
Peinture sur papier, marouflée sur toile
Collection particulière
Membre fondateur du mouvement nabi (mouvement postimpressionniste de la fin du XIXe), Édouard Vuillard s’illustre particulièrement dans l’art du portrait, dans les natures mortes mais aussi et surtout dans la représentation de scènes intimistes, des scènes dites de genre. Édouard Vuillard réalise avec succès le mélange subtil des couleurs et une atmosphère douce se dégage de ses œuvres, particulièrement dans les scènes de vie.
De l’été 1901 à l’été 1914, l’artiste rejoint ses amis Lucie et Jos Hessel en voyage sur la côte normande, de Cabourg à Amfreville, en passant par Villerville. La villégiature normande se retrouve dès lors dans ses œuvres ; témoignages spontanés de l’atmosphère si particulière de ses séjours dans la région. Ces séjours, loin d’être une rupture estivale, sont en réalité une translation balnéaire des mœurs parisiennes. Ses peintures captant des moments de vie reflètent la douceur de ces instants. Il ne fera d’ailleurs jamais poser ses modèles : « ne bougez plus, restez comme ça ! » disait-il. Annette est sa nièce, fille de sa sœur Marie et d’un autre peintre nabi, Ker Xavier Roussel (1867-1944). L’enfant, née en 1899, servira souvent de modèle à son oncle, qui lui restera toujours très attaché.
Édouard Vuillard (1868 – 1940)
Les Fauteuils rouges, 1903 – 1904
Huile sur toile
Collection particulière
La notoriété d’Édouard Vuillard est notamment dû à ses célèbres représentations de scènes d’intérieur. Pouvant ainsi le rapprocher du mouvement intimiste, cet intérêt pour le monde intérieur le rapproche du symbolisme dont il ne possède cependant pas la dimension fantastique.
Admirateur des classiques comme Vermeer, Watteau et Chardin, Édouard Vuillard développe un goût pour les natures mortes réalistes et aime beaucoup peindre des scènes d’intérieur de maisons bourgeoises. Son travail se caractérise alors par une recherche nuancée de gammes colorées, d’équilibres entre les clairs et les obscurs, des traits travaillés en arabesques et des motifs décoratifs inspirés des estampes japonaises.
Édouard Vuillard (1868 – 1940)
À la divette, Cabourg, le bord de la rivière, 1913
Peinture à la colle sur papier, marouflé sur toile
Collection particulière
Pendant près de quinze ans, Édouard Vuillard profite de doux étés sur la côte normande, accompagné de ses amis de la bourgeoisie parisienne.
Entouré de ses proches, il passe des journées entières sous les arbres, pour lire ou discuter, tout en profitant de la beauté de la côte fleurie. Édouard Vuillard passe ainsi de nombreux séjours à Cabourg, où il aime flâner près de la rivière de la Divette. Son souhait est dès lors de conserver des souvenirs de ces instants. Il passe alors par la photographie, art qui le passionne, mais aussi par la peinture. Ces deux arts captent l’essence de ces moments, lui permettent de les conserver en mémoire et de lui redonner les sensations qu’il pensait oubliées. Aussi, les œuvres du peintre permettent de réaliser que les lieux de villégiature qu’il chérit ne sont en fait que le miroir des mœurs parisiennes de la Belle Époque.