13 août 2025
Située au cœur du plan urbain en éventail de la station balnéaire, la villa Bon Abri figure sur le plan général de Cabourg établi par l’architecte Paul Leroux en 1853, bien que dessinée ultérieurement — à une date inconnue — lorsque la villa est recensée après sa construction.
La demeure est l’œuvre de Clément Parent (1823-1884), membre de la dynastie d’architectes qui compte son père Aubert (1753-1835), son frère Henri (1819-1895), son fils Louis (1854-1909), ainsi que son petit-fils Pierre (1884-1959), et dont l’activité perdure jusqu’à nos jours. Né à Valenciennes, Clément Parent reçoit une formation néoclassique auprès de Jean-Baptiste Bernard (1802-1856), avant de poursuivre son apprentissage chez Joseph-Antoine Froelicher (1790-1866). Ce dernier l’initie au style néo-gothique et lui transmet les bases techniques de la construction privée. Parent se constitue essentiellement une clientèle privée et aristocratique, et ses contributions architecturales sont avant tout des demeures particulières (hôtels particuliers de ville ou châteaux de campagne).
Si la date exacte de construction de la villa demeure incertaine, elle se situe vraisemblablement entre 1855 — année de l’inauguration de la station — et 1863, date à laquelle Clément Parent rachète au comte Potocki la parcelle attenante, lui permettant d’étendre le jardin. Le plan de cet agrandissement figure dans l’acte de vente.
À l’instar de la plupart des réalisations de Clément Parent, la villa balnéaire s’inscrit dans la mouvance qui, au milieu du XIXᵉ siècle, s’éloigne des canons néoclassiques pour adopter un répertoire historicisant. Elle arbore ainsi un style néo-Louis XIII, reconnaissable à l’usage combinée de la brique et de la pierre. Sa façade est parée par un motif à croisillons losangés en briques rouges et ocres, d’un avant-corps octogonal en pierre de Caen, ainsi qu’une toiture en ardoise ponctuée d’épis de faîtage en zinc.
Cette évocation du début du XVIIᵉ siècle confère à la demeure une certaine solennité, inspirée de l’image de prospérité attachée au règne de Louis XIII. Elle permet également des jeux de couleurs et de textures tout en restant relativement économique : la brique, produite industriellement depuis les années 1840, est alors peu coûteuse, et Clément Parent recourt même à la brique creuse, bon marché.
Transmise par héritage, la villa demeure dans la famille au moins jusqu’en 1909, avant de changer à plusieurs reprises de propriétaires. En 1974, sous le mandat de Bruno Coquatrix, la Ville de Cabourg en fait l’acquisition et entreprend une restructuration afin d’accueillir les délégations des villes jumelées. En 2006, l’Espace culturel Bruno Coquatrix ouvre ses portes et devient un lieu dédié à la vie associative locale.
Depuis 2018, la villa Bon Abri figure parmi les « maisons remarquables » protégées au titre du Site Patrimonial Remarquable qui préserve le cœur historique de Cabourg.
En vue d’accueillir le projet muséal de la Villa du Temps retrouvé, l’édifice a fait l’objet d’une réhabilitation visant à harmoniser ses différentes phases de construction en un ensemble architectural cohérent. Soutenus par la Fondation du Patrimoine, la Région et le Département, les travaux ont débuté en juillet 2019.
Les façades ont été traitées différemment selon leur époque d’édification : le bâtiment sud, datant des années 1860, et les bâtiments nord et ouest, construits dans les années 1960.
Restaurée et réhabilitée, la villa Bon Abri accueille la Villa du Temps retrouvé depuis 2021.